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« Où sont les communs ? » Le thème ad hoc pour se former au débat citoyen

Animer un débat citoyen requiert un savoir-faire. Pour l’initier, Une Seule Planète a organisé une formation de deux jours en juin dernier à Besançon.
« Où sont les communs ? » C’est à cette vaste interrogation que les dix personnes présentes ont tenté de répondre.
Mais l’objectif de cette rencontre était double. Apprendre comment animer un débat citoyen tout en construisant une réflexion collective.


A « Besac », on compte un grand nombre d’associations alternatives et solidaires. Souvent amenées à animer des discussions au sein de leur structure, dix acteurs de la vie associative ont répondu à l’appel d’Une Seule Planète.
Divisée en deux temps, la formation propose de vivre un véritable débat citoyen la première journée tandis que la deuxième est consacrée à un retour sur la méthode et la posture de l’animateur.

Avant tout débat, Henri, l’initiateur de la formation et animateur, présente le dispositif nécessaire à la mise en place d’un débat autogéré. La thématique des « communs » est non seulement un bon moyen de s’interroger sur la manière dont sont gérées nos ressources, mais aussi l’occasion d’expérimenter des outils de démocratie directe tels que le porteur de parole.

Les dix participants lors de la formation au débat citoyen.

Poser les bases d’une discussion démocratique

D’habitude, avant tout débat citoyen l’animateur propose des règles de discussion et rappelle les trois grands principes : la liberté de parole, l’expertise collective et la valorisation des opinions minoritaires. Mais cette fois-ci, les participants choisissent d’établir eux-mêmes leurs propres règles. L’objectif est d’instaurer rapidement une autonomie au sein du groupe.

Pour ne pas trop perdre de temps, l’animateur leur propose de se diviser en trois et de poser sur papier les règles qui, selon eux, sont essentielles au bon fonctionnement d’une discussion, ainsi que les moyens de les faire respecter.

« Ne pas finir un atelier sans que tout le monde n’ait prit la parole ; Si plusieurs personnes lèvent la main en même temps, priorité à celui qui s’est le moins exprimé ; Prendre un temps à la fin de chaque atelier pour mettre en valeur les opinions minoritaires ; Le mode de discussion est basé sur le consensus. »

Tels sont les contraintes que se choisissent les participants à l’issue de cette première phase de discussion.

Henri, animateur de ces deux journées.

Ce travail de groupes permet de construire un cadre collectif, tout en favorisant directement l’interconnaissance.Très vite, des éléments moteurs se révèlent et assurent la dynamique du groupe. Tout au long de ce premier atelier, Henri, en retrait, est dans une posture de facilitateur.

A la manière des assemblées générales de Nuit debout, Audrey, impliqué chez Alternatiba et Les Incroyables Comestibles, propose un système de gestuel que le groupe fixe ensemble pour signifier respectivement l’accord, une position d’autorité trop marquée, et la redite.

Le défi de la formulation

Une fois le socle établi, place à la discussion. L’animateur propose quinze minutes d’échange sur les « communs ». L’objectif est de formuler une ou plusieurs questions qui seront adressées aux passants dans la rue, lors d’un porteur de parole, une animation de rue, prévue l’après-midi.

« La notion de biens communs donne un éventail très large de directions : ça va des ressources communes, l’air, l’eau, etc., à la notion de propriété, de responsabilité, et on peut même l’étendre à l’opensource sur internet » souligne Aurélien l’un des participants.
Grâce à ce premier échange, chacun peut exprimer ses représentations individuelles tout en contribuant à construire un regard collectif.

Pour affiner au mieux les questions, les participants fonctionnent par recoupement et association d’idées. Pour Paul, membre de l’association Comme un élan, il faut : « poser des questions polémiques pour nourrir au mieux le corpus. »
Deux questions sont retenues :

  • Si la rue était à vous, qu’en feriez-vous ?
  • Pouvez-vous nous donner un exemple de bien commun ?

Benjamin et Paul, tous deux membres de l’association Comme un élan, sont habitués à l’exercice du porteur de parole. Ils prennent alors la relève de l’animateur pour expliquer aux autres les ficelles de cette animation de rue. Benjamin insiste sur l’intérêt de poser une question sur l’espace public, au sein même de l’espace public.

Comme un élan et le porteur de parole from e-graine d'images on Vimeo.

La voix du quidam ou la voie démocratique

Avec l’aide de panneaux de couleur où sont notées les deux questions, les participants arpentent la Place Granvelle de Besançon. « Il est important de créer un décalage pour susciter le débat et interpeller les gens », précise Benjamin.
Les passants sont réceptifs et très vite la récolte s’enrichit. Les réponses de ceux qui se prêtent au jeu sont affichées sur la place ce qui provoque échanges et discussions.

Affichés aux yeux de tous, ces panneaux mettent au premier plan l’opinion de chacun qui devient un intérêt public. Pour Gwenaëlle, cette démarche permet « de replacer l’individu au cœur de la société ».

L’animateur, de son coté, s’est désormais complètement effacé. Les participants confrontent leur regard collectif à celui du terrain.

La rue comme terrain d’enquête from e-graine d'images on Vimeo.

Constats et mise en forme de la récolte

Pour rendre au public ce qui lui appartient, les participants décident d’organiser une criée avec les nombreuses réponses collectées. Alors que Benjamin s’y emploie, le reste du groupe prend conscience de la complexité et de la confusion que la notion de commun peut provoquer.

Pour Audrey, il aurait fallu « éclaircir ce concept de bien commun qui reste beaucoup trop flou. Le manque de définition claire créé de la confusion. » « Il y avait une grosse confusion entre le bien commun et le bien public », précise Catherine, une autre participante.

Après cette phase de récolte, l’équipe se concerte pour imaginer ensemble une production. Très vite, l’idée de faire une restitution dans l’espace public est évoquée.
Mathieu suggère de produire « quelque chose que les gens s’approprient pour continuer à réfléchir, comme une définition qui ne cesserait jamais de s’alimenter ».
D’où l’idée de Catherine, qui propose de concevoir des étiquettes : « Ceci est un bien commun », pour en tapisser la ville dans la ville.

Le groupe imagine son mode de production en complète autonomie, sans intervention de l’animateur. Après un long temps d’échange, les participants décident de réaliser deux productions distinctes. D’une part, un jeu des 7 familles des communs, imaginé par Aurélien des Petits débrouillards, et d’autre part, un temps d’animation dans l’espace public.

Faute de temps, l’équipe suggère de continuer cette réflexion, et dresse la liste des choses à faire pour concrétiser ces productions. Une page Facebook est mise en place peu de temps après pour coordonner ces actions.

[(Si un débat citoyen peut normalement remplir deux objectifs : produire une réflexion collective et créer un cadre de discussion démocratique, c’est ce deuxième objectif qui était particulièrement visé lors de cette formation. Dans cette vidéo Henri s’en explique.

Animer un débat citoyen from e-graine d'images on Vimeo.

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