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L'université des savoirs autochtones - Universidad Ixil au Guatemala

Publié par Camille Champeaux
Habiter le monde autrement Pouvoir d’agir et démocratie S’éduquer dans la diversité
Education    Peuples autochtones    Enseignement    Cultures ancestrales   


Contexte de l'initiative

Le territoire actuel du Guatemala était historiquement peuplé par des populations mayas, qui ont prospérées pendant près de 2000 ans avant l'arrivée des espagnols et le début de la colonisation du pays. Comme trop souvent, la colonisation a été pour ces peuples autochtones synonyme d'esclavage,d'oppression, et leurs cultures ont été fragilisées. De colonisateurs en colonisateurs, le pays traverse diverses crises dont une, majeure, qui dégénère en guerre civile entre 1960 et 1996. Durant ces 36 années, les conflits engendrent des centaines de milliers de morts : 440 villages autochtones ont été détruits et pas moins de 200 000 Mayas massacrés. Fin 1996, des accords de paix sont signés qui mettent fin à ces atrocités.

Parmi les peuples autochtones décimés, les Ixil ont souffert leur part. On estime que 114 villages de la région Ixil ont été détruits au cours des années 80. Cela étant, au-delà de l'horreur des massacres, ils ont réussi à maintenir en leur sein une autorité maya tradtionnelle et se sont transmis à travers les générations leur culture, leur histoire, leurs façons de faire, leur organisation sociale et leur identité. 

Mais aujourd’hui, si ce n’est plus la guerre civile qui menace le peuple Ixil, c'est l’exploitation à outrance des ressources naturelles situées sur leur territoire d’origine. En effet, en toute impunité, de grands groupes internationaux s’emparent et détruisent les montagnes, les rivières et les forêts de la région, pour en tirer des profits dont les populations locales ne verront, bien sûr, jamais la couleur.

 

Détail du projet

Confrontés à une situation environnementale qui va en se dégradant et à la migration vers les villes des jeunes cherchant à sortir de la pauvreté, les anciens de la communauté ont décidés de réagir. Ils ont donc imaginé la première université autochtone au monde, dont le but est de diffuser les connaissances Ixil ancestrales en se basant sur une méthodologie participative qui favorise le travail communautaire et l’approche critique. C’est ainsi que la Universidad Ixil a ouvert ses portes en 2011.

Partant du principe que les pratiques traditionnelles et le savoir Ixil sont plus respectueux de la nature et des hommes que notre système prédateur actuel, l’Université dispense un enseignement qui se veut une « alternative de formation » pour les jeunes de 18 à 28 ans, pour en faire des acteurs sociaux de changement. Trois thématiques sont au programme : Développement du territoire ; Gestion des ressources et préservation de l’environnement ; Histoire et culture Ixil.

De bien des manières, l’Université Ixil brave l’éducation occidentale classique. De par son positionnement idéologique d’abord, mais aussi via ses méthodes d’enseignement. En effet, la forme orale, plutôt que l’écrit, est favorisée ; les étudiants sont encouragés à aller chercher des réponses à leurs questions dans leurs propres communautés, auprès des aînés. Enfin, l’apprentissage par l’expérimentation est mis en avant, les étudiants apprennent « en faisant » plutôt qu’en restant le nez dans des livres. Tout est fait pour préserver la richesse culturelle maya et pour véhiculer tout l’intérêt de leur cosmovision.

Succès et perspectives

Remettre en question le modèle d’enseignement universitaire majoritaire amène forcément la critique. Sans compter que les savoirs autochtones sont trop facilement assimilés à du folklore, intéressants en termes de curiosités régionales, sans se voir accorder plus de crédit. Sans compter que la question des moyens reste primordiale, pour l’Université Ixil comme pour tant d’autres et que sa pérennité financière reste toujours une question en suspens.

Cependant, comme le souligne Elias Solis, un ancien étudiant du l’Université Ixil, le cursus proposé n’entre pas forcément en contradiction avec l’éducation formelle : « on devrait toujours avoir sur soi une machette, une bêche et un cahier à la main  ». Il n’y a donc pas d’opposition a priori entre la culture Ixil et le reste du monde, seulement un enseignement complémentaire, qui engendre une meilleure compréhension de nos systèmes naturels et de leurs préservation.

En ce qui concerne la reconnaissance de cette université particulière, elle a été intégrée en tant que membre du réseau interculturel des universités. Les jeunes qui décident de suivre son cursus revendiquent leur appartenance à la culture maya et décident de s’appuyer sur les savoirs ancestraux pour empêcher les dérives du monde actuel, totalement déconnecté de la nature et qui semble aller à l’encontre de sa propre survie.



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Localisation

Guatemala

Infos pratiques

Début du projet : 12/10/2012

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