Des solutions politiques locales
Pour lutter durablement contre la désertification, les techniques seules ne suffisent pas. Il est nécessaire de considérer les paysannes et les paysans dans leur territoire géographique, politique, économique et socio-culturel. Par exemple, l’adoption de techniques de production agricole plus durables ne pourra être pérenne que si les agriculteurs et agricultrices ont accès à des débouchés pour leur production, leur permettant de rémunérer à sa juste valeur le travail manuel important qu’ils ont fourni.
La gestion durable des ressources en eau nécessite de tenir compte de la diversité des usages de ces ressources, de l’aménagement des bassins versant. De même, la restauration des terres fortement dégradées, qui nécessite aussi d’importants investissements humains, ne pourra être durable que si l'accès à ces terres est sécurisé pour les populations qui les ont restaurées. Les actions de lutte contre la désertification doivent donc s’inscrire dans des approches intégrées, à l’échelle de territoires, rassemblant tous les acteurs et parties prenantes autour d’un objectif de développement commun.
Une certaine approche du développement
Pour permettre un déploiement de la gestion durable des terres dans les territoires affectés par la désertification, les collectivités locales sont donc une porte d’entrée pertinente pour les actions. Les processus de décentralisation à l’oeuvre confient en effet les responsabilités de gestion durable des terres aux élu·e·s des communes du Sud, appuyé·e·s par des agents techniques. Ces acteurs du Sud, qui émergent dans le paysage du développement, doivent sortir de la posture de bénéficiaires d’actions, parfois portées par leurs partenaires du Nord.
Les parties prenantes du Sud doivent devenir les pilotes du développement et en particulier de la gestion des terres sur leurs territoires. Pour cela, leurs capacités de maîtrise d’ouvrage doivent être renforcées : ces acteurs du Sud doivent pouvoir toujours mieux maîtriser les enjeux liés aux changements climatiques, à la désertification et à la dégradation des terres. Ils doivent aussi prendre en compte la gestion durable des terres dans leur planification territoriale, mettre en place une gouvernance multi-acteurs, sensibiliser la population, susciter sa participation et mobiliser les financements nécessaires à leurs projets.
Une form'action pour la gestion durable des terres
Pour contribuer au renforcement des collectivités sahéliennes dans leur rôle de pilote des territoires, le CARI et ses partenaires ont développé le module de form’action des collectivités locales au montage de projets de gestion durable des terres. Cet outil pédagogique permet de sensibiliser les élu·e·s et les services techniques des communes sur les enjeux de la lutte contre la désertification, sur la nécessité de les prendre en compte dans les plans de développement locaux et sur l’intérêt d’adopter une approche participative et inclusive des acteurs du territoire. Avec la form’action, les autorités communales peuvent ainsi être formées et accompagnées dans la conception d’un microprojet de gestion durable des terres.