Si les projets extractifs sont souvent gérés de manière opaque, il ne faut pas renoncer à la pression que les citoyens peuvent exercer dessus.
La difficulté d’accès croissante aux ressources du sous-sol augmente leur coût d’exploitation. L’extraction serait rendue impossible sans un apport financier considérable, émanant à la fois d’investisseurs privés et de subventions publiques. Dès lors, nous avons toutes et tous un rôle à jouer en tant qu’épargnants, contribuables, actionnaires, clients ou membres d’une institution ou entité économique : université, banque, compagnie d’assurance, entreprise, etc. Autant d’espaces où peut s'exercer une pression collective afin d'exiger un désinvestissement des énergies fossiles ou des projets extractifs controversés, et ainsi freiner cette fuite en avant à sa source.
Par ailleurs, en tant que consommateurs, nous pouvons également pousser les chaînes de production vers des biens plus durables avec une garantie allongée et lutter contre l’obsolescence programmée.
Mais nous sommes aussi des habitants, qui avons le droit d'être consultés sur les projets qui ont lieu sur nos territoires. Une vague de renouveau minier déferle depuis plusieurs années dans de nombreux pays, y compris en France. Les gaz de schiste sont également en pleine expansion. Rester vigilants sur les demandes et les octrois de permis d'exploration, former des collectifs locaux pour informer le plus grand nombre, exiger d'être entendus et faire valoir ses droits sont autant de moyens de lutter contre l'expansion de ces projets.
En tant que citoyens, enfin, nous pouvons manifester notre désaccord avec des politiques complaisantes et un attentisme des décideurs qui mettent en péril l’avenir commun sur une planète habitable. En 2016, le mouvement Break Free from fossil fuels a mobilisé partout dans le monde des dizaines de milliers de personnes autour d’actions coordonnées de blocages de sites emblématiques, comme des centrales à charbon, des mines, des puits de pétrole, afin d’exiger que les combustibles fossiles soient laissés sous terre.
Nous pouvons interroger, avec les peuples autochtones, l'orientation des sociétés contemporaines vers toujours plus de marchandisation de la nature, et s’inspirer de la diversité de leurs cosmovisions millénaires pour maintenir l’équilibre et redonner un cadre et un sens aux activités humaines, autre que celui de l’économie et de la recherche du profit.
Au capitaine de police venu lui annoncer qu’il a reçu l’ordre d’ouvrir le feu sur ceux qui bloquaient les installations de l’entreprise pétrolière PlusPetrol dans la région de Loreto, au Pérou, en 2006, pour protester contre les fuites régulières d’hydrocarbures dans l’environnement, un dirigeant du peuple Achuar a répondu : « Je défends la vie de ma famille, la santé de mon peuple, notre Terre Mère. Mais vous, pour quelle raison allez-vous mourir quand nous nous battrons ? »