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Féminisme et Ecologie

Femme Burkina Faso

L’écoféminisme ou la lutte contre le capitalisme patriarcal  

Entrevue avec Yveline Nicolas, coordinatrice de l’association Adéquations, elle travaille et milite depuis vingt-cinq ans dans des associations et réseaux français de solidarité internationale, de protection de l’environnement, de droits humains et de développement durable.

EG : D’où vient l’écoféminisme ?

A partir des années 70, il y a eu des convergences entre militantes du mouvement féministe et écologistes. Elles ont fait un lien entre l’exploitation de la nature et l’exploitation des femmes, notamment de leur travail domestique gratuit et de leur fécondité. A l’origine du terme « écoféminisme », la française Françoise d’Eaubonne crée le groupe Écologie et féminisme au sein du Mouvement de Libération des Femmes. L’écoféminisme combine une réflexion critique sur le mode de développement focalisé sur la croissance et les exclusions et des pratiques militantes sur le terrain où vivent les femmes et les communautés.

EG : Quelles dénonciations et quelles propositions sont issues de ce mouvements ?

La critique du système « patriarcal » est au cœur de ces croisements entre les questions environnementales, sociales, économiques. Cette domination s’est traduite par l’accaparement du pouvoir par des hommes, la division sexuée du travail et la dévolution des femmes à la fonction « reproductive ». Elle a conduit à une séparation culture/nature, hommes/femmes, esprit/corps, etc. entraînant une attitude prédatrice, colonisatrice à l’égard de la nature, des sociétés non occidentales et des femmes. Les écoféministes proposent de se réapproprier les modes d’expression et d’organisation qui ont été dévalorisés, le pacifisme, les territoires, les biens communs.

EG : Y a-t-il beaucoup de mouvements écoféministes dans le monde ?

Au Nord, les écoféministes se sont engagées dans l’occupation de sites nucléaires civils et militaires, contre des déchets toxiques dans les quartiers défavorisés. Au Sud, au sein de mouvements comme Chipko en Inde, les femmes se sont opposées à l'exploitation commerciale des forêts – en entourant les arbres de leurs bras pour empêcher la coupe. Partout dans le monde, des réseaux de femmes développent des initiatives, pour l’agroécologie, la conservation de semences, la biodiversité, l’énergie solaire... Parfois, la division du travail (les « petites » cultures vivrières aux femmes, les « grandes » cultures commerciales aux hommes) se retourne en avantage pour des femmes, face à la faillite du modèle productiviste qui entraîne la ruine de paysan·ne·s, l’érosion des terres et la pollution des eaux. En Amérique Latine, des luttes contre l’économie extractiviste font le lien entre l’exploitation de la nature et les violences contre les femmes.

EG : Comment sont entendus ces mouvements par les institutions décideuses ?

Actuellement, des femmes – notamment paysannes ou issues des communautés autochtones – sont en première ligne dans des luttes contre l’accaparement des terres, la déforestation ou les forages pour les gaz de schiste. Ces défenseuses des droits affrontent à la fois le sexisme et le capitalisme. Plusieurs d’entre elles ont été assassinées, comme Berta Flores Càceres, du Conseil citoyen des organisations des peuples amérindiens du Honduras. A un niveau plus institutionnel, les mouvements se font entendre dans les conférences internationales, comme sur les Objectifs de Développement Durable ou les Conférence des Parties (COP) sur le Climat.

EG : Comment rejoindre ces mouvements en France ?

Ici, l’approche écoféministe reste incomprise, notamment parce qu’elle a été assimilée à l’essentialisme, qui veut que les femmes soient dotées de qualités naturelles les prédisposeraient à des activités de « care » (prendre soin d’autrui et de l’environnement) alors que ce sont des aptitudes construites socialement - mais qu’il ne faut pas pour autant dévaloriser... Sans se qualifier d’écoféministes, des groupes font le lien entre transition écologique et genre, analysent les dominations multiples, s’investissent contre les « GPII » (grands projets inutiles imposés), contre l’exploitation des animaux et pour le veganisme... Il faut prospecter pour trouver une sensibilité qui nous convienne.

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