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Gagner les villes

De Grenoble à Naples, de Saillans à la Corogne, la seconde journée du Commonscamp consacrée au municipalisme après un retour d'expériences a dégagé des pistes d'action.

Beaucoup de participants étaient venus avec l'intention d'apprendre comment lancer une démarche municipaliste pour gagner sa Ville. Le municipalisme n'est toutefois pas un modèle. Il n'existe pas une recette miracle mais une multitude d'expériences spécifiques qui dépendent de l'histoire du territoire et de ses habitants. C'est pourquoi nous avons mis l'accent sur le partage d'expériences.

Valencia en Commun

Selon Sergi Escribano de Commonspolis, le point de départ des expériences municipalistes en Espagne a été la crise économique de 2008 qui a entraîné des conséquences désastreuses - comme l'explusion de plus de 350 000 personnes de leurs logements. Cette crise a profondément marqué le pays et suscité un désir de transformation politique profonde au sein de la population.

A la suite du mouvement des Indignés, des assemblées ont commencé à s'implanter dans les quartiers. La question de prendre ou non le pouvoir local s'est alors posée. Alors que Podemos était un parti politique classique dans sa structure, l'idée a émergé de décliner cette dynamique au niveau local.

La première assemblée organisée par Valencia en Commun a rassemblé beaucoup de monde. Alors que la ville était dirigée par la droite depuis plus de 20 ans, les participants se sont dit qu'ils pouvaient ’gagner tous ensemble la ville’. Il n'y avait pas vraiment de leader à gauche mais de nombreux mouvements sociaux qui ont alors co-construit un programme avec l'écriture d’une charte éthique et un financement sans les banques.

Cette dynamique a permis de créer un éco-système local avec des personnes venant des mouvements sociaux qui ne trouvaient pas leur place dans les partis politiques. La plateforme « Valencia en Comun » a été construite autour de 3 grandes idées :

  • devenir un espace politique local,
  • créer un espace de démocratie et de contre-pouvoir,
  • défendre le droit d’intervenir dans la vie publique.

Le village démocratique de Saillans

Saillans, village de 1200 habitant-e-s est devenu un laboratoire du municipalisme sans le savoir. Tout a commencé par une lutte victorieuse contre l’implantation d’un supermarché voulu par la précédente municipalité. Les habitants ont alors décidé de ’prendre la ville’. L'un des fondateurs de cette expérience, Tristan Rechid, nous a raconté cette histoire :

En 2013, les élections municipales se profilent avec le Maire sortant comme seul candidat. En réaction les habitant-e-s se regroupent pour gérer le village en commun. Inspirés par des pratiques de l’éducation populaire, ils organisent des réunions publiques. Ainsi émerge l’idée d’une candidature sans programme ni candidat pré-établi mais avec des décisions faites avec les habitant-e-s. L'intention : « Le politique est le citoyen. L’élu est seulement un animateur qui garantit le processus démocratique. »

Cette liste citoyenne n’a pas dérogé à ses principes malgré les pressions. Pendant les 5 mois de la campagne, la liste n’a pas annoncé une tête de liste. Cela a été fait seulement à 3 semaines des élections, au moment où cela était nécessaire et obligatoire, à travers une procédure démocratique d'élections sans candidat-e !

La victoire de cette liste n’est qu’un début : les habitants ont ensuite expérimenté des pratiques qui tendent vers la démocratie directe. Après les élections, ils ont bâtit un programme en se basant sur un diagnostic territorial et des propositions. Les décisions sont préparées, délibérées avec les habitant-e-s dans des commissions de travail ouvertes à tou-te-s. Ce village fait donc l’expérience de l'auto-gestion de la commune.

Grenoble : une ville pour tou-t-e-s

Une coalition municipale rassemblant des écologistes, des partis de gauche et des citoyen-e-s est arrivée au pouvoir à Grenoble en mars 2014. Cette élection est le résultat d'une longue implication citoyenne et de nombreuses mobilisations locales qui se sont déroulées à l'échelle des quartiers et de la ville (collectif Sauvons Mounier, collectif Ecoles Collèges de Proximité, Vivre à Grenoble, Atelier Populaire d'Urbanisme à la Villeneuve, Alliance Citoyenne...). Le slogan principal de la campagne, « une Ville pour Tous », rappelle celui du Droit à la Ville. 

Raymond Avrillier a présenté l'expérience de remunicipalisation de l'eau de Grenoble qui a marquée en profondeur l'histoire politique locale.

Cette remunicipalisation est le résultat d'une lutte menée dès la fin des années 80 contre la privatisation des services publics de l'eau de Grenoble au profit de la Lyonnaise des Eaux. Cette privatisation avait été accompagnée d'une corruption de l'ancien maire et son entourage. La justice pénale a jugé en 1995 ces faits de corruptions tandis que la nouvelle municipalité de gauche et écologiste s'était engagée à une « remunicipalisation » du service pubic de l'eau.

Cette expérience est une référence pour les nouveaux élus actuels de Grenoble. Selon Anne-Sophie Olmos, élue à la Ville de Grenoble, l'objectif est d'aller vers la reprise du contrôle du bien public et des communs. Les élus essayent de penser le politique au sens noble du terme pour faire de la ville un territoire commun ! L'équipe municipale actuelle s'implique sur de nombreux sujets comme le féminisme, l'éducation, la démocratie, l'autonomie citoyenne.... S'il n'est pas possible de réaliser un inventaire de toutes les actions réalisées, on peut citer l'interdiction de la publicité, la mise en place d'un vaste plan de réhabilitation des écoles, l'amélioration des espaces publics, la construction d'une zone à faible émission de carbone avec des grandes pistes cyclables et le développement de la pratique du vélo...

L'expérience de Grenoble montre qu'il est possible de rassembler toutes les forces pour ’gagner la ville’ et transformer la réalité quotidienne avec les habitants. Ce succès a été rendu possible grâce à l'implication citoyenne même si les relations avec les mouvements sociaux peuvent être parfois conflictuelles. Les échanges avec le public ont montré qu'il faudrait approfondir cette expérience pour aboutir à un véritable contrôle populaire des institutions.

 

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