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Se loger autrement : la vie en habitat mobile

Apéro devant le camion ! (c)

Les habitats légers, mobiles et éphémères offrent un mode de vie alternatif. Outre de nombreux aspects bénéfiques pour celles et ceux qui font le choix de ces types d'habitat, ils sont des modes de vie choisis par des personnes aux statuts sociaux et culturels divers. Cette démarche trouve souvent sa source dans une forme de réappropriation du mode d'habiter et qui offre au corps des alternatives aux logements fixes parfois contraignants, plus coûteux et moins respectueux de l'environnement.

Ce texte restitue le témoignage de Jeanne, volontaire au sein de l'association Habitants de Logements Ephémères ou Mobiles (HALEM), qui a fait le choix de quitter la ville pour vivre dans un logement alternatif. 

Habiter, c’est prendre un endroit pour le sien. Se l’approprier et, dans la mesure du possible, en faire une extension de son corps.

J’habite dans une caisse métallique. Quelques mètres carrés à peine. Un camion.

C’est le seul endroit où je supporte d’être enfermée.

Une maison sur la route pour un corps en mouvement

Ce que je préfère, c’est le bruit de la pluie sur la tôle et de prendre conscience que quelques centimètres me séparent de l’extérieur, parfois hostile.

A l’intérieur, c’est mon antre, mon cocon.

Le corps en mouvement - ma maison est sur la route.

Ce n’est pas toujours simple. Mécanique et bricolage font partie du quotidien.

Couchée, sous le camion, je répare comme je peux. Au contact du sol, mon corps se glace. Je sollicite mes muscles : porter la pièce, l’installer, se saisir des outils : un écrou, une vis.

Vivre ainsi, c’est aussi une forme de réparation. Je ne pouvais plus supporter un appartement, la ville, la solitude qui s’en dégage. Tous ces corps qui se croisent, se rencontre, se frôlent, sans qu’un regard ne s’échange.

Peut-être est-ce une fuite ? Peu importe, je suis un chemin de traverse.

Souvent invisibles, ils sont nombreux à vivre comme moi.

Nous nous retrouvons, nous nous reconnaissons. Peut-être est-ce dans cette identification commune que nait le groupe. Nous semblons transporter un imaginaire commun. Nous le créons, l’alimentons.

Cet imaginaire c’est aussi une esthétique. Un certain rapport au corps qui se crée et s’illustre par des modifications corporelles.

Cela peut sembler étrange de mettre son corps à l’épreuve. Tatouage. Piercing. Pourquoi supporter cette douleur ? Voir même la désirer ?

Prendre plaisir à ce moment de douleur ou le corps sécrète des endorphines, se défend contre l’intrusion de l’aiguille sous la peau. Inscrire sur sa peau son histoire, son passé, ses aspirations. « Le corps devient archives de soi » comme le dit Le Breton.

Choisir de s’infliger cette souffrance, avoir entièrement possession de son corps, c’est une manière de le soustraire à la société.

Réinventer l'habitat pour soustraire le corps aux souffrances qu'on lui impose

Transformer le corps c’est se le ré-approprier quand parfois il ne nous appartient plus.

On use son corps pour gagner de quoi le nourrir, le réchauffer, en prendre soin.

Il est consommé par les travaux agricoles.

Il devient outil de travail, force marchande.

A genoux dans les vignes le corps souffre. Plié en deux lors de la cueillette, le corps endure. En plein soleil, sous la pluie, le corps est mis à l’épreuve.

Les mains sont souvent abimées et les pieds douloureux.

Le temps marque le corps, le transforme, l’affaiblit.

Pour se soustraire à ce carcan, nous réinventons un monde par un habitat différent et des pratiques du quotidiens qui lui sont liés. Nos corps sont réceptacle. Nos corps sont des enveloppes. Nos corps sont aussi ce que l’on choisi de montrer aux autres - ce qu’on leur laisse deviner de l’intérieur de soi.

J’affirme un décalage qui peut parfois m’isoler. Je suis la propre auteure de mes stigmates.

Mon corps parfois effraie par la densité des messages qu’il renvoie et que les autres ne savent pas toujours interpréter. Mon corps est à la fois protection et barrière.

Corps en mouvement, corps transformés, corps abimés. Corps dans l’abîme.

 

Jeanne - Volontaire au sein de l'association Habitants de Logements Ephémères ou Mobiles (HALEM) en lien avec l'association Droit Au Logement (DAL). 

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