L’entreprise Minera Los Pelambres a choisi la vallée du Mauro, en amont de Caimanes, pour y entreposer les déchets de son exploitation minière. Au début des années 2000, l’entreprise a parallèlement :
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préparé une Etude d’Impact Environnemental en vue d’obtenir l’autorisation requise par les autorités chiliennes environnementales ;
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engagé des campagnes de communication et de financement pour convaincre les habitants de Caimanes et de la vallée du bien-fondé et des vertus de son projet ;
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exercé un lobbying politique pour s’assurer le soutien des responsables politiques, des institutions et de la presse locale et nationale.
Des autorités politiques sensibles à l’argument du “développement”...
« Projet de développement global », c’est le nom donné par Minera Los Pelambres au projet du réservoir du Mauro. Il ne s’agit donc plus de polluer le territoire avec le stockage de déchets miniers mais de le développer. C’est avec cet argument du « développement de la région » que la compagnie a présenté son projet.
Les autorités régionales ont manifesté assez rapidement un intérêt pour ce qui pourrait insuffler un élan positif à leur région et parce qu'elles considéraient que cela n’affecterait qu’une portion limitée du territoire. Les autorités environnementales ne s’y sont pas non plus opposées et se sont limitées à une évaluation technique, essentiellement basée sur les rapports de l’entreprise. Au niveau national, le déplacement du Président de la République de l’époque, Ricardo Lagos, dans la ville côtière de Tongoy la veille de la réunion de la Commission Environnementale au sujet de l’approbation initiale du projet dans la région, n’est sûrement pas un hasard.
… mais une population locale opposée au projet
Au niveau local en revanche, le maire de Los Vilos et la grande majorité des habitants de Caimanes étaient contre le projet de MLP. Les habitants ont formé un Comité de Défense de la Vallée et organisé des manifestations pacifiques. Ils dénoncent les tentatives de manipulation de la Compagnie et des rapports techniques minimisant largement les impacts socio-environnementaux de son projet. La communauté a fait réaliser des contre-expertises qui mettent en évidence les approximations techniques du dossier, en particulier sur les conséquences du projet de réservoir : diminution et dégradation des ressources hydriques, risques liés au gigantisme de la construction en terres sismiques, destruction d'un écosystème unique...
La stratégie de l’entreprise : déstabiliser le tissu social local
La propagande diffusée par la Compagnie dans le but de convaincre de l’intérêt de son projet s'est traduite par des pratiques clientélistes locales dans tous les domaines : propositions d’offres d’emplois aux riverains, financements de projets agricoles, d’infrastructures et d’équipements médicaux locaux, d’activités sportives et culturelles, de bourses universitaires, etc. Education, santé, emploi, culture, environnement, sport… il n’est pas un domaine dans lequel la compagnie ne propose des aides. Autant de stratagèmes déployés par Minera Los Pelambres afin de séduire et de faire basculer les populations réfractaires de son côté. Cette stratégie d’intervention directe sur le territoire, en se présentant comme une entité à laquelle chacun peut recourir pour accéder à des droits ou à des opportunités, a permis à Minera Los Pelambres d'apparaître comme un acteur nécessaire voire incontournable, sur un territoire où ces possibilités n’existaient pas jusqu’alors. Dans l’espoir d’accéder aux avantages offerts par la compagnie, nombreux sont ceux qui ont approuvé tacitement les activités de la Compagnie dans la région. Cette situation a profondément divisé la communauté.
Le projet approuvé
En dépit de tous les arguments techniques opposés et de la contestation populaire bien réelle, Minera Los Pelambres a finalement obtenu le 26 mars 2004 l’approbation de son projet. Le projet est approuvé avec la résolution de qualification environnementale (RCA n°038) qui constitue le contrat d’engagement de l’entreprise avec l’État. Ce contrat stipule ses obligations en termes de minimisation des impacts (environnementaux, sociaux, patrimoniaux etc..) et de compensations (constructions d'infrastructures, services). En cas d’infraction de plus de 3 clauses, le permis peut être révoqué.
Un rapport de l’OLCA, l’Observatoire Latino-Américain des Conflits Environnementaux est consultable ici pour mieux comprendre le processus de l’imposition du projet sur le territoire.