L'agroécologie paysanne permet de concilier productivité, stabilité des rendements, sécurité alimentaire, protection de l'environnement, équilibre nutritionnel et équité sociale.
Elle permet de réhabiliter les milieux naturels, leur rendant leur équilibre et leur résilience face au changement climatique. Elle génère des productions agricoles diversifiées, ce qui est source de qualité nutritionnelle et de meilleure santé des consommateurs. Enfin, en maximisant l’utilisation des ressources disponibles et le développement de chaînes de valeurs équitables, l'agroécologie est à terme très rentable et permet donc de tendre vers plus de stabilité financière pour les agriculteurs.
L’agroécologie paysanne est ainsi partie prenante d’une dynamique de changement global qui permet de préserver les ressources naturelles tout en redonnant une autonomie aux producteurs. Son maintien et son développement sont ainsi un enjeu majeur pour la souveraineté alimentaire des peuples.
Freins et enjeux pour favoriser la diffusion et le développement de l’agroécologie
Il existe aujourd’hui de nombreuses difficultés qui se dressent face au développement de l'agroécologie dans le monde. La transition vers un modèle de production durable et respectueux de l’environnement est freinée par une certaine dépendance aux systèmes de production habituels. On appelle ça le lockin (enfermement) et c’est un phénomène courant au Sud comme au Nord.
En Afrique de l’Ouest, cette dépendance se reflète notamment au niveau des pratiques agricoles. La non utilisation d’engrais de synthèse, la production, l’entretien et le transport de matières organiques, l’épandage de fumier, les semis sous couvert végétal, etc. sont autant de pratiques qui demandent des savoirs faire et un temps de travail important par rapport à l’agriculture conventionnelle. Et ce temps investi ne génère pas immédiatement de retour financier car le rétablissement de la fertilité des sols peut prendre plusieurs années avant d’être rentabilisé. Ce point est d’autant plus bloquant si les paysans ne sont pas sûrs de conserver l’usage de leur terre à moyen/long terme.
Un autre enjeu important pour le développement de l’agroécologie est celui du genre. En France, les femmes représentent un tiers des personnes actives agricoles (source : Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation). Les agricultrices du Sud, elles, sont à l’origine de la moitié de la production de nourriture mondiale (FAO). Malgré cela, les femmes ne bénéficient pas des conditions de travail équitables et du même statut que celui des hommes. La transition agroécologique doit reconnaître le rôle clé des femmes, les inclure dans les prises de décision et leur assurer une sécurité foncière (des terres redevenues fertiles peuvent être récupérées par les hommes).
Enfin, en Afrique de l’Ouest et ailleurs, le déploiement de l’agroécologie paysanne nécessite une restructuration de nos systèmes agricoles et alimentaires en profondeur qui ne peut se faire que par la mobilisation de l’ensemble des acteurs impliqués, des producteurs jusqu’aux consommateurs et avec l’appui de politiques publiques concertées. Ces politiques doivent veiller à répondre à des besoins identifiés localement par les communautés paysannes et prendre en compte leur expertise dans leur définition. C’est pourquoi l’agroécologie paysanne doit être promue dans une logique inclusive, de coopération, de partage d’expériences et de valorisation des organisations locales pratiquant l’agroécologie, au Nord comme au Sud.
Le défi climatique doit être considéré comme une opportunité et permettre la diffusion de modèles résilients et de programmes d’exploitation durables en vue d'un éveil des consciences. Les systèmes alimentaires sont à l’origine d’un tiers des émissions de GES (source : Ipes Food), il est donc urgent de transformer nos modes de production. Les objectifs des traités internationaux tel que l’accord de Paris doivent être une priorité afin de permettre à la transition agroécologique de garantir la souveraineté alimentaire de tous les pays.