L'idée d'organiser ce premier Commonscamp au cœur de l'Université d'été rebelle et solidaire des mouvements sociaux et citoyens a ouvert sur de nombreux échanges avec d'autres réseaux et mouvements. Que pouvons-nous retenir de cette initiative ? Quelles sont les perspectives à venir ?

Le Commonscamp a été une expérience très riche où une multitude de personnes ont échangé leurs expériences et discuté des stratégies futures pour les mouvements sociaux.

Quel bilan pour le Commonscamp ?

La dernière matinée du Commonscamp était l'occasion de dresser un premier bilan de l'expérience. Cette matinée visait également à favoriser la « reliance » entre les participants pour s'engager dans les initiatives de transition. Il était proposé de s’engager dans une convergence pérenne et souple afin de contribuer à disséminer les expériences et à relier les différents acteurs locaux intéressés et porteurs de ces démarches alternatives au niveau local : modes de coordination et de mutualisation horizontales, principes communs, répartition des rôles, priorités pour une première phase 2018-2020. Quatre groupes ont été constitués sur l'organisation et coordination des outils (Danielle), la relation avec les institutions (Elisabeth), la définition d'un calendrier d'action concrètes (David) et la stratégie de communication (Solenne).

Il ressort clairement de ce premier bilan l'intérêt du croisement entre communs, municipalisme et droit à la ville. Pour plusieurs participants, c'était la première fois qu'ils approfondissaient une ou plusieurs de ces thématiques et réfléchissaient à leur articulations. On retrouve le paradigme des communs dans les nouvelles politiques municipales et les communs urbains participent à la mise en œuvre du Droit à la Ville. En outre, il apparaît clairement que certaines expériences municipalistes s'inscrivent dans le prolongement des luttes pour le Droit à la Ville. De ce point point de vue, le Commonscamp a été une véritable réussite car il a permis de créer une « culture commune ».

La richesse des expériences présentées a été également très appréciée, en particulier l'apport des expériences italiennes et espagnoles. On retient, par exemple, que les expériences italiennes sont très abouties du point de vue du cadre légal et juridique pour les communs, tandis que les expériences espagnoles mènent un approfondissement des enjeux démocratiques à l'échelle municipale. Cette transmission d'expériences a été très inspirante pour les militants français dans la perspective des élections municipales de 2020.

Nous pouvons également relever plusieurs limites :

 des difficultés à élaborer des stratégies communes et l'élaboration d'un agenda commun pour les années à venir. Certes les participants sont ressortis avec certaines pistes d'action, par exemple la campagne Justice pour les projets urbains, l'articulation des initiatives en vue des municipales ou même une vingtaine de propositions communes. Mais cet agenda est peu opérationnel car la répartition des rôles et de la mise en œuvre du plan d'action n'a pas véritablement été discutée.

- absence d'un processus de délibération collective. Cette limite est certainement liée à des enjeux sous-jacents au Commonscamp, en particulier à la gouvernance des processus collectifs. Autre limite : l'absence d'une véritable équipe de facilitation pour animer un tel processus rassemblant plusieurs centaines de personnes. La facilitation a beaucoup porté sur quelques épaules bénévoles alors que les enjeux auraient mérité d'avoir une équipe dédiée.

Parallèlement, un atelier « Synergie Numérique » a été organisé.

Les rencontres de Villarceaux et de la Biennale de Grenoble 

Plusieurs processus ont prolongé les échanges du Commonscamp. Tout d'abord, une rencontre inter-réseaux a été organisée au mois de décembre à Villarceaux (78) avec l'Archipel Citoyen, le CRID et le Collectif pour une Transition Citoyenne. Une dizaine de personnes ont alors formé un groupe issu du Commonscamp. Cette rencontre a été l'occasion de diffuser et d'élargir la dynamique créée à l'université d'été. Il a été imaginé un agenda d'action tout au long de l'année 2019.

En mars 2019, la seconde Biennale des villes en transition a été organisée à Grenoble. De nombreuses activités ont été organisées autour des thématiques des communs, du droit à la ville et du municipalisme. Cette rencontre a permis d'élargir le réseau et d'avancer sur la construction d'un agenda commun autour du Pacte pour la transition Citoyenne, de la campagne pour la Justice dans les projets urbains, la création d'un éco-système économique, sur le mouvement des communs et la dynamique municipalisme dans la perspective des élections municipales en 2020.

Les échanges se poursuivent également de façon plus informelle grâce aux réseaux de relations créés à l'occasion du Commonscamp. Cet objectif n'avait pas été formalisé en tant que tel mais plusieurs méthodes déployées au sein du Commonscamp - comme par exemple le Community Organizing. - insiste sur l'importance de l'approche relationnelle. Ainsi, le Commonscamp est un catalyseur de relations sociales permettant d'intensifier la communication et le dialogue entre des personnes impliquées dans des mouvements sociaux.

Vers un second Commonscamp ?

Il existe une demande pour des espaces collectifs d'échanges et d'apprentissages qui permettent de croiser différents réseaux et thématiques. Alors quand sera organisé le prochain Commonscamp ? 

Un second « Commonscamp » pourrait être l'occasion d'ouvrir cette initiative à de nouvelles thématiques comme l'autonomie alimentaire, le bien-vivre, les alternatives rurales, la solidarité internationale et bien d'autres. Il peut s'inscrire dans de nouveaux contextes et sera l'occasion de créer de nouvelles relations. Il a également été évoqué l'idée d'une seconde Université des mouvements sociaux avec des apports en terme de formation sur de nouvelles méthodologies comme celle proposé avec le processus U. En définitive, la réalisation d'un nouveau « Commonscamp » dépendra des propositions pour ancrer ce Commonscamp dans l'histoire d'un territoire en vue de réaliser des changements profonds.