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Bartolo Fuentes et les caravanes des migrant·e·s

Bartolo Fuentes est un journaliste et ancien député hondurien. Activiste pour les droits des migrant·e·s, il a été accusé d’être à l’origine de la grande caravane partie le 13 octobre 2018 du Honduras pour rejoindre la frontière avec les Etats-Unis.

Avez-vous accompagné la caravane de migrant·e·s depuis le début de son voyage au Honduras ?

J’ai accompagné la caravane des migrants depuis qu’elle est sortie de San Pedro Sula, Honduras, jusqu’au 16 octobre, date de son entrée au Guatemala. Je n’ai pas pu continuer car j’ai été arrêté et détenu quatre jours par la police guatémaltèque à cause du gouvernement hondurien, qui m’accuse d’être l’organisateur du mouvement.

Tout cela seulement pour vos publications sur les réseaux sociaux ?

Le 7 octobre, j’ai publié le flyer qui annonçait le départ de la caravane et j’ai annoncé : « J’ai décidé d’accompagner cette marche. » Le 12 octobre, il y avait un petit groupe de 160 personnes. Mais tout de suite une attaque a été lancée dans les médias contre cette caravane et moi-même, accusé d’en être l’initiateur. Cette attaque a tourné en campagne promotionnelle de la caravane et a poussé de nombreuses personnes à la rejoindre. Ce qui a vraiment dérangé le gouvernement de mon pays, c’est que quelqu’un se prononce en faveur des migrants, et surtout que quelqu’un leur ait dit « ne partez pas seuls, ne partez pas en petits groupes, parce que ce qui vous attend là-bas, c’est la mort, des viols, des extorsions, des accidents ». Je le sais car, depuis bientôt 20 ans, je suis avec les migrants, les accompagnant dans la défense de leurs droits. Même le Pape l’a dit : « Regroupez-vous pour pouvoir vous protéger ! » Le gouvernement du Honduras va-t-il agir pénalement contre le Pape aussi ? Ils veulent criminaliser la solidarité envers les migrants. Pourquoi ? Pour ne pas accepter la cause réelle qui pousse la population du pays à l’exode, à savoir la pauvreté, qui atteint presque 70 % de la population.

Est-ce la première caravane que vous suivez ?

En avril dernier, j’ai accompagné une caravane de migrants qui est partie de Tapachula, jusqu’à Tijuana. Je les ai rejoints à Mexico en tant que journaliste et j’ai fait des live sur Facebook. Je n’ai pas organisé cette caravane, elle a été montée par une association qui s’appelle « Villages frontaliers », constituée à plus de 90 % par des honduriens. J’ai partagé leur quotidien pendant presque un mois jusqu’à ce qu’ils arrivent devant les autorités des États-Unis pour demander l’asile. En revanche, en décembre 1999, j’ai été l’organisateur - cette fois je veux bien le reconnaître - de la première caravane de mères en quête de leurs enfants disparus.

Y a-t-il une alternative aux caravanes pour assurer la sécurité des migrant·e·s ?

Ce serait simple, très simple : recevoir aux postes de frontières, comme à Tapachula, les migrants qui demandent le statut de réfugié, et que personne n’ait à passer en se cachant par des petits chemins. Le gouvernement du Mexique devrait comprendre que notre population fuit. Ils ne viennent pas pour faire du tourisme, ils ne viennent pas se promener, ils fuient une tragédie. Ils n’ont pas besoin d’un passeport, d’un visa ou de n’importe quel document pour avoir des droits humains.

Quelle est la réaction des personnes dans les villages traversés par les caravanes ?

Il y a une solidarité énorme. Jusqu’au milieu de la nuit, les familles arrivent avec des cafés, de la nourriture, des vêtements, des chaussures. Je n’ai pas assisté à une seule agression. J’ai retransmis sur Facebook l’achat par des personnes à Santa Rosa de Copán de vivres pour l’arrivée de la caravane. Plus loin, dans une « covacha », une maison construite sur le bord de la route, avec des murs de tôle de zinc, des gens, qui vivent dans la misère, étaient néanmoins partis à quatre kilomètres de là acheter des bouteilles d’eau pour les offrir aux migrants. C’est vraiment quelque chose de merveilleux.

AMF, Attac France, Carovane Migranti, CCFD-Terre Solidaire, CRID, CRLDHT, Emmaüs International, FORIM, FTDES, France Amérique Latine, IDD, IPAM, Inclusión y Equidad Consultora Latinoamérica, Massada, MDCD, Mundo en Movimiento, #SickOfWaiting et Tous Migrants ont signé et diffusé le novembre 2018 un communiqué de presse de soutien à Bartolo Fuentes.
Le parcours de la caravane d'octobre 2018

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