Dans le monde, des centaines de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants disparaissent ou meurent lorsqu’ils se déplacent de leurs lieux d’origine vers leurs lieux de destination : séquestré·e·s par des organisations criminelles, détenu·e·s dans des prisons ou mort·e·s le long de la route. Personne n’enquête sur ces disparitions. C’est pourquoi, depuis 2006, en Amérique centrale, des centaines de mères et de sœurs partent, une fois par an, avec le soutien du Mouvement des migrant·e·s méso-américains, sillonner les routes migratoires du Mexique, dans l’espoir de retrouver une trace de leurs proches. Et ça marche : grâce au travail de celles qu’on appelle désormais « les caravanes de mères », environ 270 disparu·e·s ont été localisé·e·s au Mexique.

Du 23 octobre au 7 novembre 2018, la quatorzième édition de la caravane a traversé douze Etats mexicains, sur une distance de près de 4 000 kilomètres. « J’ai eu des nouvelles de mon enfant par une femme qui l’avait aidé à monter dans La Bestia, le train de marchandises qui traverse le pays, raconte Maria-Helena, participante du Salvador avec l’association Cofamide. Mais d’autres mères aussi ont trouvé des informations. C’est important de montrer aux autorités que nous avançons pour leur rappeler leurs obligations. »

Aux portes de l’Europe, quelque 17 500 migrant·e·s sont mort·e·s ou disparu·e·s dans les eaux de la Méditerranée depuis 2014, estime l’Organisation internationale pour les migrations. Mais même ceux et celles qui parviennent à traverser la mer avec succès, une fois les pieds sur le continent, entament un chemin semé de dangers. Inspirées par l’exemple des mères d’Amérique Latine, des centaines de femmes traversent l’Italie avec la Carovana Migranti, depuis 2014. Nadia Chemami faisait partie de la caravane des mères algériennes. En mai 2018, elle a visité neuf villes italiennes à la recherche de son fils disparu en 2011. « J’ai entendu des histoires terribles, mais je veux continuer à chercher ». Souad Ben Sassi est elle aussi algérienne. « Mon fils se trouvait dans un bateau avec 35 autres jeunes. Nous pensons savoir qu’il a été intercepté par les Tunisiens et que depuis ils se trouve dans leur prison … mais c’est impossible d’avoir des réponses », confie-t-elle.

Source : La Jornada. Vidéo en langue espagnole.

Lors du Forum social mondial des migrations, le premier sommet mondial des mères a eu lieu. Il a permis à de mères et de membres de la famille originaires du Mexique, du Guatemala, d’El Salvador, du Nicaragua, du Honduras, d’Espagne, d’Italie, d’Algérie, de Tunisie, du Sénégal, du Maroc et de Mauritanie de partager des expériences de recherche et de guérison, nourrir l’espoir et reconnaître que le problème des disparitions de personnes en mouvement est mondial, divers et extrêmement complexe. Ainsi, dans un Manifeste des mères au monde publié à l’issue du forum, elles réclament non seulement le droit à la vérité et la clarification des faits qui ont porté à la disparition de leurs proches. Elles exigent également un traitement digne, conformément aux instruments internationaux, pour les migrant·e·s, les demandeur·euse·s d’asile, les réfugié·e·s et les personnes qui recherchent leurs proches disparu·e·s. Ceci au nom de la libre circulation dans des conditions de sécurité, qui devrait être garantie tant aux migrant·e·s qu’aux mères. Elles demandent que la séparation des familles - une pratique inhumaine et dégradante pratiquée dans les centres de détention - soit stoppée.