Le processus onusien Habitat sur les 'installations humaines'
Habitat III suit le processus de l'ONU des grandes conférences entamées en 1976 à Vancouver. Ces conférences suivent un cycle de 20 ans (Istanbul 1996) et ont pour objectifs de proposer une feuille de route sur les enjeux urbains et de logements. Les conséquences environnementales désastreuses du développement urbain et les solutions pour y remédier ont été au coeur du processus depuis 40 ans. A Vancouver en 1976, on reconnaissait le rôle primordial des aires urbaines dans l'élaboration des politiques publiques. Vingt ans plus tard, à Istanbul, l'accent était mis sur le développement durable et le rôle des gouvernements locaux dans l'élaboration de celui-ci. Tous les vingt ans, un agenda urbain est mis à jour afin de préconiser les grandes lignes du développement urbain. Comme la plupart des directives de l'ONU, cet agenda urbain n'est pas contraignant pour les pays signataires. Beaucoup moins médiatisé que la COP21 où de nombreux chefs d'Etats s'étaient rendus, l'engagement concret des Etats en faveur de ces résolutions reste donc hypothétique.
Les enjeux de la conférence Habitat III ont été préparé à travers trois réunions en amont du sommet. (Prepcom) qui ont débouché sur l'écriture d'un Draft du nouvel agenda urbain. Cette méthode de discussion a été contesté par de nombreux acteurs de la société civile. En effet, en préparant un document en amont du sommet, le processus Onusien fait d'Habitat III un espace de validation plutôt qu'un lieu de discussion et d'écriture du nouvel agenda urbain.
Quelles sont les limites d'Habitat III ?
Selon les projections de l'ONU, 9 milliards d'humains, soit deux tiers des habitants de la planète vivront dans des villes en 2050. Partant de ce postulat, le cadre Onusien tente de rendre cette urbanisation ’durable et inclusive’ sans remettre en cause cette croissance exponentielle. C'est pourtant bien souvent les causes mêmes de cette urbanisation qui sont critiquées par de nombreux chercheurs et mouvements sociaux. En reléguant la question du foncier à la marge des négociations, Habitat III a évacué un problème majeur. Victimes d'accaparement des terres, de nombreuses familles finissent ainsi par grossir les rangs des quartiers informels, dans de nombreuses mégalopoles. Subie, l'urbanisation pourrait être réduite par le biais de politiques publiques garantissant des droits au foncier pour tous.
Si le droit à la ville est cité dans l'article 11 de la déclaration, rien n'est précisé quant à ses modalités et laisse court aux diverses interprétations. C'est avec son financement, les principales limites de cette nouvelle feuille de route. En l'absence d'objectifs précis et de financements détaillés, cette déclaration a peu de chance d'être appliquée.
Le forum officiel et la participation citoyenne
A Quito, quatre types d'acteurs étaient présents :
-les collectivités locales ; le monde universitaire ; les ONG et les professionnels du secteur ; les mouvements sociaux. Critique envers l'espace officiel et les propositions discutées, de nombreux acteurs ont organisé d'autres rendez-vous en marge du forum onusien dans des universités de la ville.
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À l’université privée FLACSO avait lieu le forum « Vers un Habitat 3 Alternatif » (H3A) organisé par un groupe de chercheurs et de praticiens de l’urbain autour de Fernando Carrión et de Jordi Borja.
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À l’université catholique PUCE avait lieu « PUCE HIII » avec pour slogan « Agenda global, actions locales ».
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Dans différentes facultés de l’Université Centrale d’Équateur (UCE) avait lieu le « forum social de Résistance à Habitat III » (Resitencia HIII), autogéré par un groupe d’habitants de Quito regroupés dans un collectif appelé Comité Populaire pour Nos Territoires face à Habitat III, et de bénévoles de plusieurs pays.