Le blocage des eaux en amont de Caimanes lors de la construction du réservoir de déchets miniers n’a pas seulement privé la vallée de 80% des eaux naturelles. Elle a aussi engendré une pollution des eaux, détectée en 2012 lors d’analyses réalisées par le D^r Tchernitchin, président de la Commission Santé et Environnement du Collège des Médecins du Chili. Ces analyses ont, entre autres, montré l’existence d’une concentration de manganèse dans l’eau dépassant la norme chilienne de 100 %. Par la suite, le service scientifique de la police environnementale chilienne (PDI) a détecté la présence de mercure rendant l’eau impropre à la consommation humaine, animale et empêchant même son usage pour l’irrigation.

Minera Los Pelambres nie tout problème de pollution, argumentant qu’elle réalise elle-même des contrôles permanents de la qualité de l’eau. La Direction Générale de l’Eau (DGA) du Chili et le Ministère de la Santé ont aussi produit des analyses niant la pollution de l’eau par des métaux lourds.

Lors d'une visite du Directeur Régional du Ministère de la Santé à Caimanes en septembre 2012, le D^r Tchertnitchin a répondu aux habitants inquiets suite à la révélation de résultats alarmants d’analyse de la qualité de l'eau, et expliqué les raisons pour lesquelles les résultats de la DGA étaient différents des siens et avaient potentiellement été altérés (voir archive vidéo ci-dessus).

Dès lors que l’infiltration de métaux lourds dans le réseau d’eau potable a été détectée par plusieurs sources scientifiques, que le lien avec le réservoir a été clairement établi et que la fiabilité des analyses niant la pollution a été remise en cause, il devient difficile de contraindre les habitants à consommer une eau ne présentant pas de garantie suffisante et pouvant provoquer de graves troubles de la santé. Le D^r Tchernitchin a détaillé ces risques sur la santé lors de l’atelier « eau et mines – risques pour la santé et la vie au Chili » qui s'est tenu lors du Forum Alternatif Mondial de l'Eau (FAME) en 2012 à Marseille. Voir aussi à ce sujet la publication du Cuaderno Médico Social n°52 et autres publications de l'Université du Chili qui mettent en avant les risques génétiques liés à l'absorption de métaux lourds. 

De fait, malgré ses réticences, le gouverneur de la province du Choapa a dû s’engager à fournir à Caimanes une eau propre, résolution qui n’a pas été respectée (voir vidéo ci-dessous).

A Caimanes, une grande partie des habitants refuse de consommer l’eau. Une entreprise privée s’est aperçue de l’aubaine que pouvait représenter la pollution des eaux : un camion achemine des bidons de 20 litres d’eau une fois par semaine pour les vendre aux foyers de Caimanes. Seuls ceux qui en ont les moyens peuvent ainsi accéder à une eau sûre. A l’école, les enfants consomment à la cantine une eau potentiellement dangereuse. La santé des habitants est hypothéquée au profit d'une entreprise. De cette situation est née une discrimination dans l’accès à l’eau.

Par sa décision du 21 octobre 2014, la Cour Suprême chilienne a ordonné à MLP de restituer une eau exempte de toute contamination du réservoir de déchets miniers d'El Mauro, reconnaissant par là-même que l’eau de Caimanes n’est pas sûre.

Et pourtant... des années plus tard, la décision de la Cour Suprême demeure inaccomplie. Les habitants dénoncent le fait que l’eau que MLP prétend restituer provient de sources polluées et continue de mettre en danger leur santé.