Il est évident qu’importer des produits à travers les océans a un impact environnemental. Simplement, il est important d’affiner ce constat pour ne pas tomber dans le rejet de toutes les filières d’importation internationales sur le seul critère environnemental. Non seulement ces filières peuvent avoir des impacts sociaux et économiques meilleurs que des filières locales, mais elles peuvent aussi pour certaines avoir des impacts environnementaux moindres…Explications
Un impact environnemental moindre mais quid des impacts sociaux ?
Consommer local participe à la réduction de l’impact carbone lié aux kilomètres parcourus par les marchandises à différentes étapes de leur transformation et commercialisation. Mais « local » ne veut pas dire « responsable », c’est à dire produit dans le respect de l’environnement, dans de bonnes conditions de travail et sanitaire, à un prix rémunérateur pour le producteur,... De même que « biologique » ne dit rien de la qualité sociale du produit. Les circuits-courts, en réduisant le nombre d’intermédiaires entre le producteur et le consommateur, offrent souvent une meilleure traçabilité de la filière, voire permettent de rencontrer le producteur, donc de mieux s’informer.
Quant à lui, le « commerce équitable » intègre les dimensions économiques (juste prix), sociales et environnementales (71% sont certifiés bios). Il concerne encore pour l’essentiel des produits alimentaires tropicaux qui ne poussent pas en France.
L’impact environnemental d’une filière ne dépend pas que du transport !
Si on décortique une filière nord sud (produits tropicaux qui ne poussent pas en France), on comprend à quel point l’impact environnemental est directement proportionnel non aux nombres de kilomètres parcourus mais à la dépendance plus ou moins grande de cette filière au pétrole et à l’énergie à toutes ses étapes. Certes le transport est une source d’impact mais le poste le plus important reste proportionnellement celui des emballages, des transports locaux (le fret maritime impacte moins ramené à l’unité). De même, selon la méthode de production (utilisation ou non d’engrais, de machines, etc.) l’impact environnemental peut être très différent. Ces données sont issues du bilan carbone (Alter Eco) sur le chocolat équitable et d’une analyse de cycle de vie sur la confiture d’ananas du Laos (Artisans du Monde). Ainsi, une filière agricole nord-sud peut même avoir potentiellement moins d’impact* écologique qu’une filière locale conventionnelle parce que les modes de production sont plus sobres en intrants et en mécanisation, ce qui compense largement le transport maritime.
Il faut donc analyser les impacts environnementaux sur l'intégralité du projet et ne pas considérer uniquement l'impact du transport
Des projets environnementaux permis par le commerce équitable.
Enfin, les exemples de projets à caractère environnementaux développés par les organisations de producteurs dans les pays du sud sont légions : maraichage agro-écologique au Sénégal, Reforestation au Kenya, lutte contre la déforestation au Brésil, traitement des eaux usées au Népal, etc.
* Par exemple, un sucre équitable du Paraguay a un impact plus faible (bilan carbone) qu’un sucre de betterave du nord de la France (étude « Climatop » du 29 oct.2010)