Plus de 2 milliards de tonnes de déchets miniers accumulés dans le réservoir du Mauro sont contenus par une simple paroi de sable, elle-même façonnée des déchets miniers compactés. Conçu pour résister à un séisme de 7.5 sur l’échelle de Richter dans une région du monde où les tremblements de terre atteignent régulièrement 8 à 9, l’édifice ne donne pas de gages de sécurité.
En outre, il est situé sur des failles géologiques signalées par le Service national de géologie et de l’activité minière (Sernageomin). Des études du département de géologie de Charleston ont montré que des liquides peuvent opérer des pressions sur les bases de structures dépassant les 100m et ainsi engendrer des fissures. Ce phénomène est connu sous le nom de « sismicité induite par barrage ».
En cas de tremblement de terre ou de trop-plein d’eau, un phénomène de liquéfaction pourrait venir à bout de la résistance de la paroi de rétention, entraînant le déferlement des boues toxiques qui pourraient ensevelir une grande partie de Caimanes placée sur la trajectoire directe de l’écoulement, et atteindre l'Océan Pacifique situé à 45 km du réservoir.
Le Chili a connu plusieurs ruptures de digues de contention de déchets miniers, catastrophes provoquées par des séismes ou par de subites pluies violentes, provoquant la pollution des cours d'eau. Le désastre le plus meurtrier à ce jour est celui de l'effondrement du réservoir El Melon en 1965. Déclenché par un tremblement de terre de 7.4 sur l'échelle de Richter, il a enseveli la Communauté d’El Cobre sous les déchets miniers, provoquant la mort de 350 personnes.
En novembre 2015 au Brésil, la rupture d’un barrage à Mariana, dans l’État de Minas Gerais, a engendré le déferlement de déchets miniers sur des centaines de kilomètres, entraînant dans leur sillage la destruction du village de Bento Rodriguez, la mort du Rio Doce, et la pollution de l’Océan Atlantique au terme d’une course de 650 km. Le réservoir du Mauro contient approximativement cent fois plus de déchets miniers que celui de Mariana au Brésil, le village de Caimanes est situé trois fois plus près du réservoir que ne l’était celui de Bento Rodriguez, et l’Océan Pacifique n’est qu’à 45 km. Il a été calculé que les habitants de Caimanes n’auraient pas plus de dix minutes pour fuir en cas d’effondrement du réservoir.
Minera Los Pelambres n’a jamais reconnu le danger du réservoir de déchets miniers. Sur son site internet, l’entreprise se contente d’affirmer “ le réservoir du Mauro est complètement sûr. Il a été dessiné et construit pour donner des garanties de sécurité structurelle et environnementale, tant durant son opération que pour sa fermeture et son abandon futur”. Quelques lignes sans éléments techniques précis qu’il faudrait croire sur parole. BHP Billiton, autre géant minier, affichait lui aussi des standards de sécurité très élevés. Cela n’a pourtant pas empêché la rupture du barrage de Mariana. On sait aujourd’hui que celle-ci aurait pu être évitée si la recherche du profit n'avait pas été prioritaire (voir à ce sujet le reportage publié dans the Guardian). Les populations affectées parlent d'ailleurs de 'crime' et non de 'catastrophe' ou 'désastre' pour mettre l'accent sur la responsabilité de l'entreprise et des agences de l'État.
Au Chili, des recours juridiques présentés par la communauté depuis 2008 ont fini par donner raison aux arguments concernant les risques liés au réservoir. Le 4 Juillet 2013, la Cour Suprême a reconnu que le réservoir constitue un danger pour les habitants, et ordonné à MLP de mettre en place un plan d’évacuation ainsi que l’installation d’une alarme. En 2016, la multinationale chilienne met finalement en place un système d’alarme et prévoit la construction d’un mur de renforcement des zones de Caimanes. Cette solution était bien loin d’être celle espérée par les habitants puisque la communauté avait demandé à MLP le déplacement des zones à risque, notamment de l’école, particulièrement vulnérable du fait de sa localisation en pleine trajectoire des coulées de déchets en cas de rupture. L'entreprise a toutefois préféré la solution du mur plutôt que de traiter la menace à la source.
Il est à craindre que le réservoir ne s'effondre un jour, engendrant un désastre sans précédent.