BDS – pour Boycott, Désinvestissement, Sanctions – est une campagne internationale qui a pris une telle ampleur qu’elle est devenue une inquiétude sérieuse pour Israel.
En juillet 2005, 170 organisations palestiniennes, par la voie de Marwan Barghouti, lancent un appel aux citoyens du monde entier, pour qu'ils manifestent leur solidarité avec le peuple palestinien en boycottant les produits israéliens.
Cette initiative est à l'image de ce qu'avaient décidé Nelson Mandela et les autres militants sud-africains pour lutter contre l'apartheid dont ils étaient victimes.
C'est la campagne dite BDS :
- B pour boycott
- D pour désinvestissement
- S pour sanctions
Selon l’Appel de la société civile palestinienne, « il s’agit de mesures punitives non-violentes [qui] devraient être maintenues jusqu’à ce qu’Israël honore ses obligations de reconnaître le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et se conforme entièrement aux préceptes du droit international [...] ».
B, comme boycott.
Les cibles à boycotter sont diverses.
Il s’agit en premier lieu de refuser d’acheter ou de consommer des produits et les services venant de l’économie israélienne, qu’ils viennent des colonies israéliennes implantées en Cisjordanie ou même du territoire israélien.
Principaux produits : Carmel, Jaffa et Top (fruits et légumes) - Kedem (avocats) - Coral (Cerises) - Beigel (biscuits apéritifs) - Hasat (agrumes) - Sabra (repas complets) - Osem (soupes, snacks, biscuits, repas complets préparés) - Dagir (conserves de poissons) - Holyland (miel, herbes) - Amba (conserves) - Green Valley (vin) - Tivall (produits végétariens) - Agrofresh (concombres) - Jordan Valley (dattes) - Dana (tomates cerises) - Epilady (appareils d’épilation) - Ahava (cosmétiques de la Mer morte) – Sodastream (gazéificateurs) – Téva (produits pharmaceutiques).
Mais le boycott concerne aussi le monde académique, pour lequel les établissements doivent cesser tout coopération avec les universités et la recherche israélienne, surtout quand il y a un lien avec le domaine militaire. Voir le site de l'AURDIP.
Régulièrement aussi, des campagnes sont lancées contre des manifestations culturelles ou auprès des artistes pour qu’ils/elles n’aillent pas donner de concert en Israël ; soulignons l’exception de films qui émanent de militants israéliens contre l'occupation, comme ceux d'Avi Moghrabi, qui servent au contraire à animer les débats dans les cinémas. Des artistes se sont aussi proclamés pour le BDS, comme Roger Waters des Pink Floyd. En 2018, une campagne internationale a été lancée pour exiger le boycott de l'Eurovision en Israel.
Les manifestations sportives et les équipementiers sont également visées, ou bien les instances sportives comme la FIFA. En juin 2018, face à la pression, le match de football Israel-Argentine a été annulé.
D, comme désinvestissement.
Il s'agit d’inciter les banques et les grandes firmes qui sont impliquées économiquement dans la colonisation à retirer leurs capitaux investis en Israël.
Quelques entreprises françaises sont concernées : Alstom et Veolia (construction du tramway de Jérusalem), Safège (téléphérique sur le Mont des Oliviers), les banques Crédit Agricole, Société Générale, BPCE, BNP-Paribas et Dexia (financement de la colonisation), les assurances Axa (investissements dans les entreprises d'armement). En 2016, Orange a mis fin à son association avec la société Partner qui équipe les colonies en téléphones.
S, comme sanctions.
Il existe divers niveaux possibles de sanctions à l'encontre d'Israël :
- sur le plan commercial : suspendre les accords d'association avec l'UE qui octroient des tarifs douaniers préférentiels, sous condition de respect des droits humains. Logiquement ces accords devraient donc être suspendus depuis longtemps !
- sur le plan juridique, étant donné les crimes contre l'humanité perpétrés par Israël, actuellement et par le passé, il s’agit de soutenir des initiatives destinées à porter plainte devant la Cour pénale internationale.
- enfin et surtout exiger un embargo sur les armes destinées à Israël.
La campagne BDS en France
En France, le mouvement ne s'est véritablement déclenché qu'en 2010, en prônant d'abord le boycott des produits issus des colonies israéliennes en Palestine, comme les appareils Sodastream ou les dattes de la vallée du Jourdain.
Contrairement à ce qui se passe dans tous les pays du monde où les mouvements de boycott des produits israéliens ont joui de la liberté d'expression, la France est le seul pays où les militants se retrouvent devant les tribunaux quand ils font des opérations de boycott de produits israéliens. La circulaire Alliot-Marie de février 2010 demande en effet aux Parquets d’engager des poursuites contre les personnes appelant ou participant à des actions de boycott des produits déclarés israéliens, pour provocation à la discrimination ou à la haine raciale. Les ONG qui soutiennent la cause palestinienne demandent l’abrogation de cette circulaire.
Site de référence : BDS-France.
Voir aussi les campagnes Made in illegality ainsi que 100% illégal d'Amnesty International.