« En juillet 2007, huit femmes partent en Palestine, résolues à rencontrer les familles de celles à qui elles écrivent depuis plusieurs mois. Elles veulent savoir pourquoi elles ne reçoivent aucune réponse ou si peu… Elles veulent savoir qui existe derrière ces noms, ces numéros de matricule. Elles veulent tout connaître de leur univers carcéral, de leur arrestation, des pères eux-mêmes incarcérés avant leur fille, palper si l’espoir s’infiltre dans ces familles brisées…
Ville après ville, famille après famille, elles écoutent, écrivent, soutiennent, débattent et enfin comprennent, la résistance, la ténacité, le soutien, mais aussi l’injustice, l’arbitraire, la violence, le mépris... ».
A leur retour, les huit Femmes en noir de Caen (Françoise, Jacqueline, Marie-Jeanne, Marie-Caroline, Nicole, Nina, Régine, Salima) rédigent et publient le fascicule « En Palestine », en français et en anglais, autour des thèmes suivants :
- notre mission ;
- les prisonnières politiques, qui sont -elles ?
- Nour, né en prison ;
- le courage des familles ;
- Ahmad, du camp de Jénine ;
- les enfants ;
- un mur pour la sécurité, qui peut le croire ?
- Bil’in, un village qui résiste ;
- Jérusalem ;
- Hébron ;
- le check-point ou la répression au quotidien ;
- au terme de notre voyage ;
- les « femmes en noir ».
Voici quelques échantillons :
« Nous sommes des résistantes, pas des terroristes »
« Voici le message que les familles de ces prisonnières politiques palestiniennes, ainsi que les ex-détenues que nous avons rencontrées, nous ont demandé de transmettre… C’est un cri du coeur : ‘Nous ne sommes pas des terroristes !’ A l’association « Le Lien, à Jénine, Hanadi déploie une grande feuille blanche sur laquelle sont collées de nombreuses photos : elle la tient contre elle, désigne, explique, raconte… Ici un frère, là un cousin , ou encore une amie. Déjà, avant la première Intifada, ses parents furent emprisonnés. De leur onze enfants, il en reste sept. L’un est mort en résistant, cinq autres sont emprisonnés. Elle-même a subi un an de détention.
Terroriste ? Simplement frère ou sœur de qui résiste... »
Bil’in, un village qui résiste
« Plusieurs d’entre nous se sont rendues ce vendredi 20 juillet 2007 à Bil’in pour participer à la manifestation hebdomadaire contre le mur d’apartheid et d’annexion (manifestation à laquelle j’avais déjà pris part en août 2005, lors du colloque international des Femmes en noir, avec plusieurs centaines de femmes venant du monde entier).
Les militaires attendaient de pied ferme l’arrivée de la colonne de militants (150 à 200 personnes) : des habitants du village, essentiellement des jeunes, quelques « Israéliens contre le mur », et des « internationaux » assez nombreux en Palestine en cette saison… Il y avait moins de femmes, notamment d’aïeules du village qu’il y a deux ans.
Dès que la tête du défilé s’est approchée à environ 100 mètres des barbelés, les militaires ont lancé des grenades lacrymogènes en grand nombre et d’autres projectiles ; pourtant la manifestation était pacifique, rameaux d’olivier et drapeaux palestiniens ostensiblement mêlés. Un feu de broussailles s’est déclaré, rapidement éteint par des manifestants à l’aide de leurs vêtements. Un jeune Palestinien a été sérieusement blessé, et évacué dans une voiture particulière. J’ai remarqué la présence de secouristes du Croissant Rouge en plusieurs points.
Le face à face des militaires et des manifestants a duré deux heures environ. C’est ainsi chaque vendredi.
Bil’in a fait école, notamment près de Bethléem, à Ma’ssra, où une manifestation a également lieu chaque vendredi, sauf aujourd’hui car il y a eu des arrestations lors du dernier rassemblement. Des militants ont été relâchés, et une réorganisation du mouvement est en cours. »