Depuis le début des années 2010, les questions migratoires sont ancrées au coeur de l'agenda politique européen. Les sommets se succèdent et les chefs d'Etat et de gouvernement rivalisent de déclarations pour résorber ce qu'ils considèrent être l'une des principales menaces pour la construction européenne. Donald Trump ne s'est-il d'ailleurs pas permis de leur faire la leçon dans le Times ? « S'ils n'avaient pas été obligés d'accueillir tous ces réfugiés, tant d'entre eux, avec tous les problèmes que cela entraîne, je pense que vous n'auriez pas eu de Brexit. C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. »
Pourtant, force est de constater que dans les faits, il y a un véritable décalage entre la volonté affichée par les gouvernements et l'efficacité de leurs politiques.
Est-ce parce que les politiques reposent sur un diagnostic de départ erroné qui refuse d'appréhender la migration dans toute sa complexité et donc d'y voir aussi une chance pour les pays européens ? Ou est-ce à dessein, par calcul politique, que les « bonnes décisions » ne sont pas prises,que la situation se détériore et que les crispations s'exacerbent, justifiant, en retour, le recours à des politiques de plus en plus répressives ?
Fruits du hasard ou de l’incompétence, rouages d'un dessein plus ou moins sombre, les dysfonctionnements des politiques migratoires de l'Union européenne et des Etats membres n'en dessinent pas moins une figure très négative du migrant, de l'étranger, qui ne peut que susciter l'inquiétude, surtout au moment où les mouvements d'extrême droite progressent en Europe.
Il est plus qu'urgent de changer de regard sur les migrations et de définir, à travers un véritable débat de société, des politiques qui répondent réellement aux enjeux tant de l'asile que de la migration. Un débat que les organisations de la société civile française ont décidé de nourrir à travers l'organisation d'Etats Généraux des Migrations.