En septembre 2017, Jean-Claude Juncker saluait les progrès accomplis « sur de nombreux plans » par l’Union européenne et ses membres sur les questions de migration. Les politiques menées seraient donc particulièrement efficaces. Une assertion discutable, comme le démontre un certain nombre de données.
L'Union européenne s'autocongratule
Dans son discours sur l’état de l’Union 2017, Jean-Claude Juncker, président de la Commission, a salué les progrès accomplis sur les questions de migrations. Extraits :
- « Nous protégeons nos frontières extérieures de façon plus efficace. Plus de 1 700 officiers du nouveau corps de garde-frontières et garde-côtes soutiennent maintenant les 100 000 garde-frontières nationaux des États membres »
- « Nous sommes parvenus à endiguer les flux de migrants irréguliers […]. Nous avons réduit de 97% le nombre des arrivées irrégulières en Méditerranée orientale [et] à mieux contrôler la route de la Méditerranée centrale : les arrivées y ont diminué de 81% en août par rapport au même mois de l'année dernière »
- « Même si cela m'attriste de voir que tous nos États membres ne montrent pas le même degré de solidarité, l'Europe prise dans son ensemble a continué à faire preuve de solidarité »
L'échec de la relocalisation des réfugiés
En septembre 2015, l'Union européenne avait lancé une politique de relocalisation des migrants arrivés en Grèce ou en Italie. D’après Amnesty international, seulement 29% des demandeurs d’asile ont été accueillis dans un autre pays. Malte est le seul pays de l’Union européenne à avoir respecté les objectifs fixés. La France n’a rempli que 22% de son objectif.
L'UE se replie sur son territoire et ouvre toujours plus de camps
Jean-Claude Juncker a beau asséner que « L'Europe, contrairement à ce qui est dit, n'est pas une forteresse et ne doit jamais le devenir. [Elle] est et restera le continent de la solidarité où doivent pouvoir trouver refuge ceux qui sont poursuivis pour des raisons inacceptables », les faits parlent d’eux-mêmes.
L’Union européenne et ses voisins ne cessent de renforcer leurs systèmes d’enfermement : de 2011 à 2016, la capacité totale connue des camps recensés par Migreurop est passée de 32000 à 47000 places. Les conditions de détention y sont indignes et régulièrement dénoncées par les organisations internationales et les défenseurs des droits humains.
Le bilan est si calamiteux que Médecins sans Frontières décidait en juin 2016 « de ne plus accepter de financements de l’Union Européenne et de ses États membres, en signe d’opposition à leurs politiques de dissuasion préjudiciables et à leurs tentatives continues de repousser ces personnes et leurs souffrances hors des côtes européennes ». A la lecture de son dernier rapport intitulé « Un an après l’accord UE-Turquie, lutter contre les contre vérites de l’UE », on peut en déduire que l'association ne semble pas prête à revenir sur sa décision.
La Méditerranée reste un vaste cimetière
Jean-Claude Juncker n’a pas tort quand il annonce que le nombre de morts a diminué en un an. Il oublie juste de préciser que ce sont toujours plus de 3000 personnes qui trouvent la mort chaque année dans la Méditerranée…
Cette mer n'est d'ailleurs pas la seule frontière maritime de l'Union européenne. Il conviendrait d'ajouter à ce macabre décompte les Comoriens morts dans l’océan Indien en essayant de rallier Mayotte… Depuis l’instauration du visa Balladur, en 1995, on dénombrerait, selon les estimations, entre 7000 et 20000 morts en mer…