Pour empêcher les migrants d’entrer sur leur territoire, l’Union européenne et ses membres ont décidé de fermer voire de militariser leurs frontières. Les Etats voisins se retrouvent alors en première ligne, confrontés à des situations si tendues que la violence ne peut qu’éclater. Est-ce le prix à payer pour préserver l’espace de libre circulation européen ? Est-ce acceptable ? Est-ce efficace ?
L'Europe forteresse n'a jamais aussi bien porté son nom
En septembre 2017, la presse européenne se faisait l’écho des lourdes menaces qui pesaient sur la préservation de l’espace Schengen. Deux ans plus tôt, la chancelière allemande Angela Merkel avertissait déjà : « Si on n'arrive pas à une répartition équitable [des réfugiés en Europe], alors la question de [l'avenir de la zone de libre circulation] Schengen se posera. » Le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, lui emboitait le pas :
Ce qui est en danger, c'est l'un des piliers fondamentaux de l'Union européenne, la liberté de circulation des personnes.
Pour protéger cet acquis, l’Union européenne n’a qu’une réponse : la fermeture des frontières. En 2015, les Etats membres avaient d’ailleurs menacé la Grèce de l'exclure de l'espace Schengen, l’accusant de ne pas suffisamment protéger ses frontières.
Les Etats européens se barricadent, érigent des murs et font pression sur les pays voisins pour qu’ils accueillent les migrants qui parviennent jusqu’aux portes de l’Union.
Coûte que coûte, empêcher les migrants d'entrer
L’augmentation de la présence policière aux frontières instaure un climat de peur chez les personnes migrantes et favorise les violences à leur égard. Ces violences participent de la logique de dissuasion. Une mécanique que La Cimade a clairement décrypté et documenté dans un rapport d’observation sur ce qui se passe aux frontières entre l’Espagne et le Maroc et entre la France et le Royaume-Uni.
Lire Frontières européennes – Défense d’entrer ? Illustrations à travers les situations à Calais, Ceuta et Melilla et en Sicile, Rapport d’observation, La Cimade, juin 2016.
Frontex, l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, est le bras armé de cette politique. Elle a pour mission de coordonner la surveillance des frontières extérieures de l’Union européenne. Elle assiste notamment les Etats membres confrontés à une forte pression migratoire et participe à l’enregistrement et à l’identification des migrants.
Ce qui fait dire à la Campagne Frontexit que « l’Europe est en guerre contre un ennemi qu’elle s’invente »